Le haïku - un style poétique japonais
Un haïku (俳句, haiku) est un poème d'origine japonaise extrêmement bref, célébrant l'évanescence des choses et les sensations qu'elle suscite. Un haïku évoque généralement une saison (le kigo) et doit comporter une césure (le kireji). Il est composé de 17 mores réparties en trois vers suivant un schéma 5/7/5.
Un haïku ne se contente pas de décrire les choses, il nécessite le détachement de l'auteur. Il traduit le plus souvent une sensation. Il est comme une sorte d'instantané. Cela traduit une émotion, un sentiment passager, le haïku ne se travaille pas, il est rapide et concis. Il n'exclut cependant pas l'humour, les figures de style, mais tout cela doit être utilisé avec parcimonie. Il doit pouvoir se lire en une seule respiration et de préférence à voix haute. Il incite à la réflexion. Il est préférable de le lire deux fois afin d'en saisir complètement le sens et la subtilité8. C'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image. Ainsi, le haïku ne doit pas décrire mais évoquer.
Plutôt qu'une phrase répartie sur trois lignes, le haïku procède par une notion de césure,. La scène décrite dans un haïku n'est pas regardée par un observateur externe. Le « je » peut être utilisé mais celui-ci sera plus vecteur d’interprétation, projetant une vision sur la scène, tel un élément du paysage. Il donne un sens à la scène, mais n’en fait pas partie. C'est pour cette raison que la première personne est souvent absente de l’énonciation. Une fois le cadrage effectué, dans lequel le poète recherche l'essentiel, celui-ci mène un travail d’épuration de son poème. Cette façon d’envisager le haïku a été promue au XIXe siècle par le poète Masaoka Shiki.
Philippe Costa estime que transgresser la règle du 5/7/5 est contre-productif : « Cette contrainte présente un immense intérêt pour la créativité elle-même. Pourquoi ? Parce que la contrainte pousse à chercher des solutions pour pouvoir s’y conformer et que face à l’impossibilité de trouver des solutions littéraires conventionnelles, on doit souvent avoir recours à d’autres qui ne le sont pas […]. C’est donc précisément en cela que la contrainte pousse à la créativité, à l’innovation littéraire, à trouver des formes réellement poétiques. Paradoxalement : se conformer à la contrainte mène à l’innovation littéraire ; et la contrainte engendre la plus grande liberté de langage. Et plus elle est sévère, plus elle est créatrice. On aurait tort de s’en priver. » Ceci est d'ailleurs vrai pour toutes les contraintes poétiques, loi comprise depuis longtemps par les symbolistes ou encore l'OuLiPo.
Georges Friedenkraft constate que, puisque le français est une langue peu rythmée, les haïkus en langue française comportent souvent des allitérations ou des rimes discrètes, comme en témoigne ce texte de Jacques Arnold :
Jasons : Dieu merci
Ça sent si bon sa forêt
La soupe au persil
Extrait de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFku
Autres exemples :
Retour à l'air libre
une terrasse grignote
son bout de soleil
Tapi sous la mousse
tout un réseau connecté
les arbres chuchotent
Squelette frileux
le bruit sec des branches mortes
sous le manteau blanc
Une vigne vierge
l’automne déploie ses charmes
un mur écarlate
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